Il y a quelques jours, sur facebook, en réaction au #14septembre, j’ai écrit, je cite :
« Hé ! Les hommes ! Vous n’en avez pas marre d’être décrit comme des bêtes aux pulsions insurmontables ! Finalement, ne serait-ce pas à vous, les hommes d’agir et de manifester pour que la société entière cesse de vous voir comme des bestiaux en rut, incapable de maîtrise de soi ? Il ne serait pas temps, là, que vous vous sentiez concernés ? #14septembre #jesaismetenir #jesuisunhommepasunebête »
A ma grande, très grande surprise, j’ai reçu une volée de bois verts par quelques hommes qui se sont sentis agressés. Heureusement, j’ai été soutenue ouvertement par des femmes qui avaient parfaitement compris ce que je disais, et très discrètement par des hommes.
Pour vrai, ça m’a fait un choc.
Je n’aurais pas eu pire, si j’avais traité tous les mecs de sales connards pervers. Et bien cette question me turlupine. Pourquoi mes hommes ne se manifestent pas pour dire Stop ! On n’est pas des gros connards baveux de la bite ! Face aux institutions qui le prétendent ?
Not all men
Sur les réseaux sociaux, sur les murs des féministes, ils sont assez nombreux à crier « not all men ». C’était assez lourdingue, parce que : on l’a déjà dit 1000 fois, quand un homme revendique qu’il n’est pas comme ça, face à une femme qui se plaint des violences qui lui sont faites, c’est une façon de confisquer la parole de la femme. C’est détourner l’attention vers les hommes, alors que c’est la femme, en l’occurrence, qui cherche à se faire entendre.
Mais étrangement, quand un « agent de sécurité de supermarché renvoi une femme à cause de son décolleté, car il le juge provoquant. Quand des jeunes lycéennes se font renvoyer chez elles parce que la vue de leur nombril pourrait distraire les garçons de leurs études. Quand une femme est priée de quitter un musée parce que ses épaules sont jugées indécentes. Il n’y a aucun mec pour dire « Not all men, bordel, on n’est pas des bêtes, on sait se tenir ». Et quand je demande pourquoi, ils ne le font pas, quand je leur suggère que ce serait une bonne idée de se manifester, et bien là, « c’est bouh ! Bouh Feminazgul ! Stop aux injonctions ! » Y a foutage de gueule en la demeure, là !
Et le silence est d’homme
Ok, ce n’était que quelques mecs. Mais ils étaient où les likers silencieux ? Ils étaient où mes amis hommes féministes ? Ça pousse bleu, c’est super, ça dit en MP que ces mecs déplorables, mais il n’y en a pas eu un, pour dire publiquement, qu’effectivement, ce serait une bonne chose d’avancer ensemble vers plus d’égalité et de respect.
La grande illusion
Quand j’ai écrit ce post, je me suis dit que, si tous les hommes qui ne vivent pas une bite à la place du cerveau, et je sais qu’ils sont nombreux, se mobilisaient, ne serait-ce que sur les réseaux sociaux, afin d’exprimer à quel point ils en ont marre d’être instrumentalisés pour servir la cause de la domination masculine, peut être que ça en calmerait quelques-uns. Alors les filles pourraient aller au lycée en croc top, les femmes au musée les épaules nues ou au supermarché dans la tenue qu’elles veulent.
Au lieu d’entendre que 20 % des Français pensent que les violeurs ont une circonstance atténuante si les tétons de sa victime pointent, on entende qu’il y a 80 % d’entre eux qui pensent que c’est du grand n’importe quoi. Que si j’ai quelques dégénérés qui pensent que je les méjuge en imaginant qu’ils ne sont pas des animaux sans conscience, il n’y aurait pas que les femmes pour me soutenir. Mais apparemment, je me suis trompée et ça me troue le cul.
Est ce que je dois en conclure, que les hommes préfèrent passer pour des salauds que de se désolidariser de la masculinité toxique ? Je ne sais pas…
Masculinité fragile
Certains, se sentant assez balaises pour jouer des poings, vont s’interposer face à une agression. Dans les commentaires, il y a eu un mec qui m’a expliqué que si lui était naturellement impressionnant, il avait vu d’autres hommes hésiter puis renoncer à cause de leur méchante femelle qui leur interdisait de bouger.
Est ce qu’il était question de ça ? Le type était encore dans une représentation du mâle violent. Il cherchait à innocenter les hommes, parce que bouh, la baston, c’est pas facile, et les épouses, ça fait peur. Mais seulement dire, et ce, sans danger pour son petit nez, que d’utiliser le type violent et lubrique comme un modèle de genre masculin, écrire sur le net, qu’être un homme, ce n’est pas vivre la goutte au prépuce et la bave aux lèvres. Qu’un homme est capable de maîtrise de soi, quand il voit une épaule, un décolleté, un nombril, pire, des seins nus sur la plage et que même, truc de dingue, il ne bande pas à chaque fois. (prenez-nous pour des quiches, aussi.)
Vous avez dit mauvaise foi ?
Comment peut-on s’offusquer du voile des unes et vouloir le mettre sur les épaules des autres ? Parce que c’est exactement le même raisonnement. C’est-à-dire, couvrir la femme parce que les hommes sont incapables de contenir de soit disantes pulsions sexuelles. Ils appellent ça la pudeur.
Quand on raccourci une jupe trop longue d’une lycéenne (musulmane), et on rallonge celle d’une autre, on fait quoi ?
Question rhétorique
Alors oui, je le redemande, il est où le problème ? C’est quoi qui bugue ? Des milliers de mecs peuvent s’insurger contre le mépris de classe, mais le mépris de genre, le leur, ben non. Ne se rendent ils pas compte que c’est humiliant ? Franchement, j’ai mal pour vous les gars.