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J’ai pris possession de la place

J’ai pris possession de la place. Coquette petite place touristique bordée de restaurants et de cafés. D’un coup d’œil, je peux voir qui y entre, qui en sort. Ce jour et à cette heure, la place est encore engourdie, ça me facilite les choses.

Le voilà, jeune homme à la démarche dynamique. Il vient directement sur moi. Il ne me connais pas, ne m’a jamais vu que par petits morceaux, en photos mais je lui ai dit : Manteau rouge et cheveux longs, noirs de geai. Il ne me regarde pas, il feint l’indifférence, caché derrière ses lunettes de soleil. Par ce temps ! Il me fait sourire. C’est adorable, cette petite chose qui se pare d’attitudes viriles pour se rassurer.

Il se plante devant moi, il est grand, retire ses lunettes : Yeux bleus, doux, pétillants. « Il venait d’avoir 18 ans, il était beau comme un enfant, fort comme un homme », ces paroles fusent dans ma tête. je n’aime pas cette chanson, mais elle est de circonstance. Je plante mon regard dans le sien. Voilà sa carapace qui se fissure déjà. Il s’ébroue, me fait deux bises. Une main sur mon bras, s’attarde sur une mèche de cheveux.

Je prends la directions du café que j’ai choisi sans l’inviter à me suivre. Un peu surpris, il a deux pas de retard, se rattrape et me demande où nous allons. Je reste évasive. Il parle du plaisir de la ville, de la pluie, du beau temps, il babille, rempli le vide laissé par mes silences. Il se dandine à mes cotés, essaye de caler sa marche sur la mienne. J’adore ce moment ou ils essayent de plaire. Petit homme qui a enfilé le costume de papa pour plaire à maman.

Nous entrons dans le café, je le précède et choisi notre table dans une arrière salle. Je lui fais signe de s’asseoir. Je m’installe à juste distance. Suffisamment prêt pour créer une sorte d’intimité, trop loin pour qu’il me touche sans effort. Aller, changement de registre, il est temps de lui faire prendre l’allure d’un homme. Jouons les petites chattes.

Doucement, je retire mon manteau. Le chemisier que je porte en dessous est ouvert, juste au niveau des seins. Alors que j’écarte les bras, il laisse voire largement ma poitrine nue. Je fais mine de ne pas m’en apercevoir. J’attends un regard un peu trop appuyé pour rougir et le refermer en hâte. Il ne tarde pas. J’ai fait mouche. Il détourne les yeux. Maintenant, il a cessé de penser. Toute son énergie est employée à lorgner mes seins sans se faire prendre. Il m’épie, je me laisse à voir, l’air de rien, par inadvertance. Les femmes sont si innocentes ! Ha ha ! Quelque soit leur âge, les hommes pensent toujours que nous sommes naïves et inexpérimentées, quelque soit notre âge. A moins que l’on soit une salope. Hé bien, j’en suis une et quand j’aurai fini de jouer, je le mangerai. 

Maintenant qu’il se prend pour un prédateur, je vais le cueillir, sans aucune pitié. Je me rapproche comme pour lui faire un aveu. Je respire, bloque ma respiration, et souffle. Je reste en apnée, marque un grand soupir. Voilà, il respire avec moi. Je recommence, pose ma main sur ma poitrine, comme si l’air me manquait. Il est fixé, ne bouge plus. Alors je déboutonne mon chemisier, lentement, très lentement, dans un geste naturel et souple. Comme si nous étions face à face dans une chambre, au bord d’un lit. J’écarte les pans de mon corsage, l’air frais s’y engouffre fraisant durcir instantanément mes tétons. Ne jamais négliger les bienfaits du manque de chauffage. Il croit que je frémis, que je me donne à lui comme une vierge qui perd la tête. Il plonge dans mon décolleté. Je vacille, me raccroche à lui et par hasard, par maladresse, évidemment, ma main se pose sur son pantalon. Il est dur comme de la pierre. Il frétille sous ma main, joli poisson. En quelques secondes, son pantalon est ouvert, je le tiens. Je le caresse me fais tendre avec lui, lui donne confiance, il fini de grandir. Puis, sans un mot je me lève, attrape mon manteau, l’enfile et le referme. Je m’en vais. Un pas avant la sortie de la petite salle, je me retourne et lui dis. « A tout de suite ». Comme il me regarde avec un air éberlué, j’ajoute : « Je t’attends ! Compte jusqu’à 30.» Ce qu’il est mignon comme ça ! Assis le pantalon ouvert, exposé, l’œil perdu !

Je descends les escaliers, m’enferme dans une cabine. Je compte jusqu’à 10 : un, deux … Il est pressé ! J’ouvre la porte avant qu’il ne mette la main sur la poignée. Je l’attrape par le manteau, referme derrière lui, le colle au mur en douceur, sans un mot, les yeux dans les yeux. Son pantalon tombe sur ses chevilles.

Petit bonhomme en pain d’épices je te croque.

Je suis sortie du café, me suis installée à la terrasse d’en face. Comme je lui ai commandé cette fois, il a attendu 6 minutes avant de sortir. Il n’a pas eu le temps de se recomposer. On dirait un gamin qui croit avoir réussi son interro de math. Il jubile sur fond d’inquiétude. Ce soir, il aura cartonné, demain il sera roi du monde. Mais au fond de lui, il sait que je l’ai mangé tout cru.

Photo : Stéphane Gizard, Modern lovers

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