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Tu es endormi, tourné côté fenêtre. Je veille. Nous avons partagé beaucoup, mais cette intimité là, c’est la première fois. Tu ronfles. Tu glisses en douceur de ton piédestal, tu redeviens un homme. Je m’interroge. Suis-je déçue ? Je n’ai qu’à lire le sourire qui se dessine sur mon visage. Non, pas déçue, amusée. Je sais aussi que si nous partagions cette intimité au quotidien elle ne me ferait plus sourire. Oh non ! Les ronflements, ce n’est mignon qu’au début, quand ils égratignent l’auréole des premières fois, quand ils les rendent plus réelles. Je ne suis pas dupe de mes émois. Peut importe, il faut profiter de ce qui est bon.

Tu me tournes le dos, je ne vois que lui. C’est fou comme on arrive à faire parler un dos ! Et il m’en dit, des choses ! Je n’ose le caresser, je ne veux pas te réveiller. Il est trop tôt. Je ne veux pas non plus me faire surprendre en flagrant délit de béatitude, d’idolâtrie.

J’approche mon visage, je te hume. Ton odeur est douce, délicate à moins que l’odeur de sexe qui règne dans la chambre ne recouvre tout. Je souris à ce souvenir si proche que mon ventre gronde encore. Je ne résiste pas, je pose une main sur tes cheveux courts, qui mettent en valeur ton cou puissant. Ce que j’aime un homme quand il dégage de la force ! Je peux me laisser charmer, attendrir, par des hommes très différents, mais ceux qui dégagent de la puissance, me rétament. Je ne parle pas des brutes épaisses, des molosses à la mâchoire plus large que le front. Ceux-là m’effraient et me dégoûtent. Je parle de ceux qui ne la ramènent pas, les forces tranquilles, les autorités douces, les magnétiques détendus.

Chaque fois je suis surprise. Quand je te regarde, tout à l’air dur chez toi. Et quand je te touche, je ne trouve que douceur. Je descends ma main sur ton épaule, ronde, je glisse dans ton dos, caresse tes omoplates. Au repos, je ne distingue pas tes muscles. Mais cette nuit, quand tu m’as prise, j’ai vu dans le miroir leur danse érotique. Je me retiens, j’ai envie de laisser courir ma langue. Le creux de tes reins, envie de m’y coller. Je passe ma main sur ton ventre et la presse doucement. Je sens dans ma main le magma, la source. Et puis tes fesses, envie de les palper, les presser, les mordre… entre autre. Je ne devrais m’arrêter là. Je sens mon désir monter comme une lame de fond. Si je me provoque ainsi, je sais que je vais finir par craquer.

Je sors du lit, je ne tiens plus à tes côtés. Je fais le tour du lit pour reprendre mon pull. Je vois ton visage enfoui dans l’oreiller. Je te souris. Tu à l’air de dormir avec conviction. Je m’approche. Encore une fois je cède à l’envie de te toucher, je pose ma main sur ta joue et dépose un baiser de plume sur tes lèvres. Trop léger, il te chatouille. Tu te frottes la bouche maladroitement. Je me fige. Tu te retournes sur le dos. Tu te découvres. Oh ! Je suis à genoux, devant toi, nu, chaud, inconscient. Comme je voudrais en abuser ! Je place ma main à 5 cm de ta peau. Je sens la chaleur de ton corps, et je descends. Ton ventre, hum, ce ventre ! Va et viens au rythme de ta respiration. Ton sexe repose, tranquille. J’ai envie de le toucher, le caresser… Et si je te réveillais ainsi ? Je m’approche encore. Je sens ton odeur mêlée à la mienne. C’est un coup au ventre. Je me recroqueville, soufflée. Je serre mes points, mes genoux l’un contre l’autre. Non ! Chuuu ! Chu … Sois sage ! Il n’a pas encore assez dormi. Laisse le se reposer.

Je m’enfuis dans la cuisine. Assez loin de toi pour ne pas céder à mes pulsions. Je me lave les mains, je grignote quelques amandes, Je bois un peu d’eau, et je retourne me coucher à tes côtés, bien décidée à m’endormir, cette fois-ci. Je te tourne le dos et prend soin de ne pas te toucher. Tu te retournes, encore, j’espère ne pas t’avoir dérangé.

Ta main se pose sur ma hanche. Je prends feu instantanément. Tu t’empares de moi. Fais de moi ce que tu veux, et plus encore ! Je m’offre à toi, me livre avec toutes mes armes, rampe à tes pieds, saute à ton cou, je veux me perdre et te retrouver. Envahis moi, bouleverses moi. Je veux que tu me submerges, que tu prennes contrôle de mes sens. Et quand tu m’auras prise, que je serai à toi, entièrement, jusqu’au moindre de mes souffles, alors je te prendrai à mon tour.