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Charlotte

Trop longtemps que je ne t’ai pas donné de nouvelles. Je suis bloquée. J’arrive pas à me raconter, j’ai pas d’imagination. J’ai perdu le bagou que t’aimes bien, celui qui te fait sourire et qui t’excite. Celui qui te fait me poser mille questions, réclamant toujours plus de détails que je suis obligée d’inventer pour étancher ta soif. Tes mails me réclamant mes exploits me font culpabiliser. C’est pas que je ne baise pas, non !

 Je baise. Je baise devant des vidéos salaces, de gang bang gay, où de jeunes types, gaulés comme des pédés de magasines se font défoncer le cul par des bad boy de série tv. Je baise dans la rue, entre deux voitures, avec des inconnus sélectionnés sur des sites libertins. Je baise dans des parcs, la nuit, furtivement, au détour d’un chemin sombre. Je baise à trois, à quatre, à qui mieux mieux. Je baise à tire-larigot, j’explore mes limites. 

Mes limites ? Plus j’avance, plus j’expérimente, moins j’ai l’impression d’en avoir. C’est comme se dire qu’on n’arrivera jamais à boucler un dossier et puis, finalement, c’était pas si sorcier, et en plus, on y a pris du plaisir. C’est à la fois enivrant et frustrant. Enivrant parce que ça me donne une sensation d’invulnérabilité, frustrant parce que j’aimerais la trouver, cette limite. Un jour me prendre le mur et me dire, par là, j’y vais pas.

Cependant, hier, j’ai été surprise. J’ai pleuré. J’ai pris une gifle et j’ai pleuré, puis j’ai ri, et pleuré, et ri… encore. Il m’a dit: « Bon, je peux te donner des coups de ceinture sur le cul, mais pas de baffes dans la gueule. » Ça m’a fait rire. Je n’ai même pas eu mal ! Enfin pas plus que quand il me mord ou qu’il me lacère le dos où l’intérieur des cuisses. Je ne me suis pas sentie humiliée. Je ne me sens jamais humiliée. Il peut me prendre par les cheveux, me jeter par terre aux pieds d’une horde de chiens en rut, me traiter de pute, de vide couilles, je ne me sens pas humiliée. Dans ces instants fiévreux, je suis leur vide couilles, ils sont mes chiens. A chacun son cinéma. 

Mais hier, pouf, j’ai pleuré. C’est venu comme ça. Aujourd’hui, je ne me sens pas tranquille. Est-ce une limite, un coup de fatigue, un réflexe Pavlovien ? Le temps me le dira, j’ai bien envie de refaire un tour par là pour voir ce qu’il s’y passe. Pas aujourd’hui, pas demain… plus tard, quand la question ne se posera plus, quand je ne me regarderai pas agir comme un rat de laboratoire.

Je vais te laisser là. Comme je te l’ai dit, j’ai pas l’inspiration. Il te faudra être patiente. C’est comme ça. Je suis comme ça. Je suis pas facile à aimer, je sais, par contre toi, si. Dans mon prochain mail je te raconterai ce que j’ai envie de te faire, ce à quoi je songe depuis un petit moment. Un des scénarios possibles de quand on se reverra. Ne rentre pas tout de suite, il n’est pas encore fini,  ne tarde pas trop, toi aussi tu me manques. Je t’aime.

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