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Le petit kiosque en bois noir

Je suis tellement impatiente de notre rendez vous que j’ai une demie heure d’avance. Je me lève, m’examine une nouvelle fois dans la glace. Ma robe noire évasée de style rétro, met en valeur la longueur de mes jambes. Je suis chic, ce soir. Je ne sais ce qu’il a prévu, c’est une surprise. Quelque chose dont j’ai envie depuis longtemps, m’a t-il avoué. Je dois me laisser guider, lui faire confiance. Je sursaute, la sonnerie me sort de mes pensées. Je me précipite. Chaque fois que je le vois, c’est comme si je le découvrais. Philippe est gentil, doux, sensuel et ce qu’il est beau ! Je suis surprise par sa tenue qui n’est absolument pas accordée à la mienne, jeans, tshirt, baskets. Tu es magnifique. Me dit il en entrant.

Il me prend dans ses bras. Nous nous embrassons, longuement, doucement, je me laisse subjuguer par son odeur, sa présence virile et subtile. Il plonge ses yeux dans les miens. Je suis nue.

– Change toi !

– Quoi ?

– Oui, changes toi, s’il te plait. Tu es magnifique mais ta tenue n’est pas adaptée. Tu me remercieras tout à l’heure.

– Mais …

– Et pas de lingerie, s’il te plait.

– Pas de … ?

– Non, répond-il d’un air gourmand, « tu verras ». L’excitation monte instantanément. J’imagine dix scénarios. Je le scrute, mais il reste impassible. J’abandonne, il ne lâchera rien, inutile d’insister. Je lui fais confiance, je sais que je serai comblée.

Nous sortons de la ville rapidement pour rouler dans la campagne. Le paysage aux couleurs d’été défile devant mes yeux : J’ai compris où nous allons.

C’est un petit kiosque au milieu de nul part. Un vieux kiosque en bois noir au milieu d’une toute petite prairie verte, où nous avons fait l’amour pour la première fois.

Philippe étale une couverture, dépose en son centre une coupelle de framboises, mon fruit préféré, m’invite à m’assoir. De son sac, il sort une bouteille de vin rouge, nous serre, s’assoit à mes côtés. Nous buvons en picorant, les deux parfums se marient et se renforcent mutuellement. Assis dans notre petit coin secret, blottis l’un contre l’autre, je suis au paradis. Je sais que nous allons faire l’amour tout à l’heure, je sens un doux ronron dans mon ventre. Il relèvera ma robe, découvrant mon con, caressera doucement ma toison. Peut-être jouera t-il a y manger quelques framboises. A cette évocation, je deviens humide. Je cherche ses lèvres, nous nous embrassons. Sa main, sur ma joue glisse sur mon épaule, fait tomber la bretelle et dégage mon sein au téton turgescent. Il mordille délicatement mon cou, le caresse de sa langue, me picore de petits baisers, jusqu’à mon sein, qu’il embrasse goulûment. Je pose mon verre, enfonce mes doigts dans ses cheveux, j’ai envie qu’il me dévore toute entière. Je me renverse. Ma robe n’est plus qu’une bande de tissus enroulée autour de ma taille. Il passe d’un sein à l’autre, les tète, les mordille, les palpe doucement puis vigoureusement. J’écarte mes cuisses, je veux qu’il lape mon liquide qui s’écoule doucement. Il résiste à mes demandes muettes, me fait languir. Je gémis d’impatience. Il s’écarte soudain, me regarde amusé avant de plonger entre mes cuisses. Mais au lieu du grand coup de langue que j’attends, je reçois un petit baiser léger. Je m’arc-boute, me contorsionne pour le trouver, mais il est debout. La forme de son jean ne laisse aucun doute quant à son désir, mais il n’a pas l’air de vouloir le quitter.

– Debout !

Je ne comprends pas. Je reste allongée sur le dos, jambes écartées. Il me souri, goguenard devant mon regard incrédule.

– Lève toi margoton !

Je me cambre, m’offre sans pudeur.

– Ne crois pas que je vais tomber dans ton piège. Dépêche toi de te relever que je puisse ranger tout ce bazar. Aller !

Déçue, je me rhabille pendant qu’il jette toutes nos affaires dans le coffre. Il me lance des coups d’œil, amusé. Je n’aime pas quand il se moque de moi. Je m’installe dans la voiture en boudant.

– Non, non ! Tu ne montes pas à l’avant. Je le regarde interloquée. Ne discute pas, tu passes à l’arrière. Et quand tu seras installée, tu mettras ça. Me dit-il en me tendant un ruban de satin noir.

Je lui arrache le ruban des mains.

– Qu’est ce que tu m’as encore concocté ?

– Si tu crois que je vais te le dire !

– Donne moi un indice au moins.

– N’insiste pas.

– Aller …

– Non.

Je passe à l’arrière il en profite pour me claquer les fesses.

– Assieds toi au milieu et attache ta ceinture. Écarte un peu tes jambes, bien. Remonte légèrement ta robe. Voilà, tu es parfaite. Fais moi confiance. Ce soir, c’est un de tes fantasmes qui se réalise.

Je noue sagement le ruban devant mes yeux, la voiture démarre rapidement. En quelques tournant je suis désorientée. Bientôt, la voiture s’arrête.

– Ne bouge pas, je reviens. La porte se referme doucement et c’est le silence total. Je suis curieuse et excitée comme une enfant. J’entends des pas qui approchent, des éclats de rire masculins. Je ne sais pas si je suis visible de l’extérieur. J’ai un peu peur de croiser des hommes qui voudraient profiter de la situation. Je me crispe, mais les pas me dépassent et s’effacent au loin. J’attends encore, a t-il fini par m’oublier ? Mon cœur bat à tout rompre. S’il m’abandonnait, seule à attendre dans la nuit ? Depuis combien de temps j’attends ? Le bip de l’ouverture centrale des portes interrompt mes élucubrations. Quelle idiote, il est là. Bien sûr qu’il est là ! Les portières arrières s’ouvrent en même temps, je sursaute. Deux présences masculines s’engouffrent, leurs épaules m’écrasant. Je sens leur carrure remplir l’habitacle. Soudain je manque d’air.

Philippe démarre, met le clignotant et s’engage sur la route. Nous restons silencieux. J’entends leur souffle, je sens leur chaleur, leur parfum. Je les imagine grands et forts. Larges d’épaules, peut être bourrus, velus, primates ; des boxeurs, des voyous qu’il aurait embauchés à la va-vite dans la rue. Non, il les a sans aucun doute choisis avec soin, à l’issu de longs entretiens.

– Camille, tu peux faire connaissance. Ils sont à toi.

Je soulève mes mains avec lenteur. Je crois que j’ai peur de ce qu’elles vont découvrir. Et s’ils ne me plaisaient pas ? À main droite, un jean usé et mou sur une cuisse large et ferme. À main gauche, une toile fine, probablement du lin. La cuisse y est longue, plus dessinée, très dure aussi. Je descends sur le genou, remonte, mes mouvements sont limités par le peu de place que leur carrure me laisse. Je change de stratégie. Je les devinerai à tour de rôle. Main gauche à hauteur de buste, j’avance doucement. Je me heurte à une toile très douce au toucher. Certainement un t-shirt. Le poitrail est bombé et souple. Je remonte, cherche l’encolure. Mes doigts plongent dans une forêt de poils soyeux. Je remonte encore, m’emmêle dans une barbe très fournie, bien taillée.

Je me tourne maintenant vers ma gauche. La poitrine est sèche, dure, glabre sous la chemise. Le cou et la joue sont lisses et doux. Il vient de se raser, je sens le film qu’a laissé la crème à raser sur sa peau de bébé. Il est très jeune. Vingt, vingt deux ans maximum. Je reprends mon exploration, tantôt de l’un, tantôt de l’autre. Je les sens frémir sous mes caresses, j’entends leur souffle, quelques sons rauques s’échappent parfois. Je ne résiste pas à l’envie de vérifier l’état le leur pantalon. Je suis heureuse de constater que nous partageons le même émoi. Sous ma robe légère, il n’y a que mon corps nu, mon sexe qui palpite, chaud et humide !

Un virage serré nous comprime les uns contre les autres. Nous venons de tourner dans un chemin de campagne. La voiture est secouée pendant quelques minutes qui me semblent une éternité, puis s’immobilise enfin. Les hommes sortent de la voiture, Philippe prend ma main, me conduit à vive allure. Je lève haut les pieds entre les herbes qui me fouettent les cuisses. Je m’accroche à lui. Il est mon guide, mon tout.

– Reste là, ne bouge pas.

Nous venons de passer dans une zone plus sombre, un peu plus fraiche aussi. J’écoute attentivement les bruits qui nous entourent, il n’y a que la nature, une douce brise dans les feuilles des arbres, le départ précipité de quelques animaux que nous avons dérangé. Les hommes s’affairent autour de moi, en silence. Puis Philippe retire ma robe doucement, dépose un doux baiser sur mes lèvres et s’efface. Je reste un moment ainsi, nue, exposée. Je les entends bouger, j’essaie de les reconnaitre, impossible. Des mains anonymes se posent sur mon visage, un peu rugueuses. On m’embrasse, des lèvres ourlées et souples, recouvertes d’une moustache épaisse. Je pose ma main sur le buste de l’homme, je suis surprise de le sentir nu sous mes doigts. Je sens son cœur battant. D’autres mains se posent sur mes hanches. Je sens dans mon dos un autre corps nu, et entre mes fesses, une queue bien dure vient se caler. De doux petits baisers me picorent la nuque. Je frissonne. Je sais que Philippe m’observe, je voudrais connaître son regard à cet instant. Je m’abandonne doucement aux caresses délicates de ces deux inconnus.

Soudain une main agrippe mes cheveux, me fait mettre à genoux. Instantanément cela me transforme en petite catin obéissante. J’ai un peu honte, et cette honte amplifie mon plaisir.

– Ouvre !

J’ouvre la bouche en grand. Je reçois un vit large et recourbé jusqu’au fond de la gorge. Je sens son gland qui frappe, m’arrachant des grognements de bête. De long filets de bave s’écoulent de ma bouche béante, jusqu’au haut le cœur. Je m’offre à cette bestialité qui m’accapare.

Maintenant deux mains fines et sèches s’emparent de mes hanches, me pincent durement. Sans préambule, l’homme plante sa verge dans ma chatte dégoulinante. Il se comporte comme un chien, frénétique, il me baise à petits coups rapides. Je me sens utilisée, souillée.

La première fois que j’ai avoué ce fantasme à Philippe, c’était un murmure entrecoupé de silences coupables. Aujourd’hui, je m’offre à ces fléaux sans aucune vergogne.

Les deux hommes se retirent brutalement dans un ensemble parfait. Je me retrouve seule, vide abandonnée sur un lit de terre et de cailloux qui me transpercent les genoux. On me pousse du pied, je m’affale dans la terre. On me prend par les chevilles, me roule sur le dos. Je sens des pierres, des racines meurtrir mon dos. Mes jambes sont écartées à m’en faire mal. Je suis de nouveau baisée à même le sol comme une raclure. Plus ils s’acharnent sur moi, plus ils sont brusques plus je plonge en transe. Je hurle mon plaisir, je suis obscène. Plus rien ne compte que d’être une bête sauvage en rut.

L’on me prend maintenant comme un paquet, on me retourne et me lâche sur l’inconnu le plus fort. On me manipule comme un pantin. Je me laisse faire, je leur appartiens, je suis un jouet. J’éprouve une sorte d’extase à tout abandonner. C’est un abyme pervers et jubilatoire. Je ne suis rien, je disparais. Les frontières, les carcans, les rôles, tout disparaît. Je me libère en m’annihilant. Les doigts fins attrapent ma mâchoire vigoureusement. J’ouvre ma bouche comme une grotte, il s’y engouffre au plus profond. Là, ballotée par mes deux assaillants, je sens la prise ferme de Philippe sur mes reins. Il me sodomise sans ménagement. Prise de toute part, malmenée, je tremble de plus en plus fort jusqu’à l’explosion absolue. Je sursaute, je convulse, je suis emportée dans un tourbillon de sens. Mes assaillants jouissent de ma jouissance. L’un me gifle de gerbes brulantes, l’autre m’arrose et Philippe inonde mon cul.

La fatigue me prends d’un seul coup. Je m’effondre, pleure comme une petite fille, déboussolée de trop d’émotions, perdue entre deux mondes. Alors mon amour me prend dans ses bras me berce doucement, me couvre de doux baisers, jusqu’à ce que ce torrent tarisse. Doucement il me lave et me rhabille. Mes yeux sont toujours bandés. Il me porte jusqu’à la voiture où il m’installe entre les deux hommes devenus anges gardiens.

Ils disparaîtront sans que je m’en aperçoive, dans mon sommeil. Philippe me bordera et s’endormira tout contre moi, protégeant mes rêves de sa présence.

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