
Qu’est-ce qui m’a pris d’exister, qu’est ce qui m’a pris de vouloir,
qu’est ce qui m’a pris d’espérer ?
Sur la frange d’un bonheur
limite, je m’échine à me disloquer. J’étripe mes sourires, je bats
ma légèreté, je creuse mes sillons abreuvés de mensonges. Ma vie
est un espoir, une illusion absurde d’un inconscient inconscient,
égoïste et puéril. Elle est un pressentiment auquel je m’accroche
plus fort que tout. Je veux et ne veux pas, je lutte et me repose, je
ris, je pleure, me rassure en fadaises. Je prends ma dose, ma came,
mon remède. Je crois, j’espère, j’invente et déblatère. Conquise,
je convaincs, j’interpelle, qui m’aime me suive, je m’enfuis, me
tais, me terre.
La vie est bien celle que je crois
sublime, décevante, un don, un sacerdoce, une gabegie, une terreur
absolue, une pantomime cruelle, une absurdité divertissante.
Comme
c’est apaisant de penser que je ne me trompe pas quand il s’agit de
l’implacable sauvagerie de ce monstre insane et absolu, la vie.