Elle est assise sur son canapé, l’ordinateur sur les genoux, comme un bouclier. Le regard perdu vers la fenêtre, elle est en dedans d’elle. Ce point entre les deux seins, qui l’écrase. Les membres las, la sensation de vide et cette immense tristesse qu’elle ne sonde pas, de peur d’y céder. Elle se souvient des paroles, des amis, des médecins, des on-dit, manque de confiance en soi. Elle l’a tellement entendu qu’elle ne sait plus ce que ça veut dire. Depuis tant d’année à travailler sur elle, a fréquenter les psys et les gourous, plus rien ne lui semble juste, plus rien n’est réel. Les mots ne sont que des mots, le reflet des points de vue de ceux qui les prononcent. Mais sa douleur est bien là, concrete, perçante. Elle ne sait plus quoi en faire, plus quoi faire. Son enfance n’a pas été qu’heureuse. Sa vie d’adulte est chaotique. Des joies et des peines, beaucoup de peines, bien trop de peines. Elle n’a jamais trouvé ça normal et à beaucoup cherché la légitimité de sa souffrance. Comme si, jamais rien ne pouvait la justifier. Elle culpabilise de souffrir. Elle ajoute du calvaire à sa torture. Maintenant, elle est fatiguée. Elle ne veut plus se battre, mais moins elle lutte plus elle sombre. Alors quoi ? se dit elle.
Il n’y a pas de suite à cette histoire. Elle en est là. Alors quoi ?
